lundi 30 mai 2011


Sans bla-bla, parlotte ni autre causerie
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M16 - Nébuleuse de l'Aigle
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Animateurs de radio Caroline
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dimanche 29 mai 2011



Transcription :

Denis Joyner, Radio Mobile de l’AMO




C’est l’heure des présentations, le truc de base : ici c’est le DJ, le Dingue du Jargon à l’antenne, en phase pour te balancer la sauce, et si tu reçois le DJ, tu sais que tu écoutes la raiiii-diii-yo Hindu Kush FM, du pur, du bon du naturel, touche plus à rien, tu y es, quand à savoir qui je suis, boule de gomme, même pour moi c’est un mystère.
Poussons le bouchon jusqu’à l’absurde. Je veux dire, dites donc, msieurs dames ! L’avalanche de cartes et de lettres, vous me demandez : « Hé, qui es-tu, et qu’est-ce qui se passe ? C’est vrai, ce truc ? Et ouhaou, qui est-ce qui finance ta folie ? Où est-ce que je peux en trouver ?» Vous me dites : «  DJ, en fait, ça veut dire quoi, en réalité ? » Et puis : « Ca rime à quoi, tout ce binz ? »
Mes conseillers en marketing prennent sûrement de la drogue. Ils doivent penser que démographique c’est un graphique des mots. Qui suis-je ? Hé, et toi qui patines, qui es-tu ? Et qui sommes-nous à faire tourner ensemble les platines ? Pourquoi est-il sage de questionner toutes les réponses et idiot de répondre à toutes les questions ? Faut regarder les choses en face : des fois il faut supplier sa race pour obtenir une réponse. Je veux dire se mettre sur ces petits genoux cagneux et réclamer de tout son petit cœur.
Alors les potes, mes chers compatriotes de la nuit rugissante, qu’il pleuve qu’il vente, suppliez-moi. C’est ma spécialité de pas connaître les réponses. Alors, je vais prendre vos questions en commençant par le haut :
Mon vrai nom est Doe John. Je suis manouche de souche et mon sweet home, c’est le mouvement. Je suis la Voix de l’Effacement et le Souffle de la Chanson. Bouge pas, nénette –je suis à fond les manettes, et j’en ai pas pour longtemps.
Toute chose qui ne monte pas descend, sauf si elle a signé un contrat à court terme avec l’équilibre.
Faut me croire. C’est une putain d’histoire vrai, l’amie. Tu peux miser dessus avec les deux pognes.
Quand tu perds la mise, l’AMO me rebalance de la thune, ce qui fait que je reste à l’antenne comme une sorte de radio publique alternative pour les fous à lier et ceux qui s’ennuient à mourir. A long terme, je sors de ta poche la nuit quand tu pionces et je te dis toutes les combines pour déconner à plein tubes.
DJ ça veut dire disc-jockey, et je suis sur la route, ma loute, exactement comme toi, on verra bien où ça s’arrête . Si on s’arrête. A supposer que ça bouge, pour commencer. Parce que si les souhaits étaient des ailes, on volerait tous dans le ciel, et si la crème comptait pour du beurre, y aurait pas à baratter pendant des heures.
Ca veut dire que tchi.
Alors avis à la crème de la crème, ton labeur c’est le babeurre.
Et la prochaine fois, si tu veux que je sois jouasse, envoie-moi des questions plus coriaces.
C’était le Dévot Joyeux qui te susurrait de doux riens à l’oreille.


Stone Junction _ Jim Dodge


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Gun Street Girl

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vendredi 20 mai 2011



Mettez un peu de piment dans votre couple



N'importe quel couple se retrouve enlisé dans la routine de temps à autre. C’est vrai qu’il est vite arrivé de prendre son épou(x)se comme acquis(e), de tomber dans l’enfer de l’habitude et de finir par négliger l’objet de son amour. Sauf qu’entretenir son mariage, c’est comme conduire une belle Cadillac – si vous lâchez le volant trop longtemps, vous finissez par vous retrouver dans un restaurant mexicain. À l’occasion, c’est une bonne idée de mettre un peu de piment dans son couple. La spontanéité est la clé.


Voici une méthode facile pour briser la routine. Appelez votre concubin(e) au travail et dites-lui : « Il faut qu’on parle. » Puis disparaissez pendant quelques jours. Rien n’est plus efficace qu’une absence remarquée pour raviver la flamme. Lorsque vous reviendrez, soyez distant, et rasez intégralement vos sourcils juste avant. Faites tout ce qui pourra vous sortir du quotidien dans lequel vous vous embourbez depuis toujours. Pour que cette méthode marche, il est de rigueur d’employer le mot « quoi ». « Quoi ? » Vous pouvez le dire de façon innocente : « Quoi ? »

Simuler un cambriolage est aussi une manière garantie de briser le traintrain quotidien. Pendant que votre moitié est parti(e) faire les courses, profitez-en pour briser une vitre et tout casser dans votre maison ; défoncez les meubles, déchirez la tapisserie, balancez du colorant rouge sur les murs et fignolez votre œuvre en éparpillant des pétales de roses un peu partout. Après l’avoir aidé(e) à décharger la voiture, il vous suffit de regarder le massacre et de lui lancer de façon séduisante : « On dirait que le Love Bandit a encore frappé ! » (Petite astuce : pour plus de réalisme, achetez des tripes dans un abattoir et cachez-les sous le canapé.) 

L’intimité est la clé. Le sommeil est l’ennemi de l’intimité. Si votre partenaire dort alors que vous êtes éveillé, il/elle est en quelque sorte en train de vous tromper avec quelqu’un dans son rêve. Si cela vous arrive, hurlez : « T’as entendu ça ? » Si ça ne marche pas, mettez la chanson : « Pump Up the Volume » du groupe MARRS.

Si rien de tout cela ne marche, gardez-en tête ces treize mots qui peuvent réanimer le plus ramolli des mariages : « Est-ce que tu te rends compte de l’absurdité de tes propos ? »

TEXTE : SAM McPHEETERS





dimanche 15 mai 2011


Transcription : 

Denis Joyner, Radio Mobile de l'AMO



          Hello, baby. Je parie que tu roulais toute seule, que tu cherchais à régler le problème de ce printemps sans tagada-tsoin tsoin, et à la place tu te retrouves avec ce précipité paradoxal, le DJ lui-même, le vieux Dharma Joyau des familles, et maintenant t'arrives pas à savoir si j'existe Pour De La Vraie ou si je ne suis qu'un Cow-boy de Pacotille, qui baragouine à s'en décrocher les babines, mon petit pote, pour amadouer les coyotes qui l'encerclent et faire en sorte que la lune surnage dans les eaux sombres de l'âme humaine. Tu endures à toute allure l'étendue rêche et palote qui perdure sans la moindre trace de flotte : l'eau fraîche et limpide. Desséchée. Ratatinée jusqu'au trognon. Ma foi, tu arrives en nage au Dernier Mirage, bienvenue au point d'eau. Désaltère-toi et file sur l'onde aussi étincelante et dense que les diamants de l'alliance de ta grand-mère, aussi inéluctable que la bizarrerie qui nous fait tourner en cercle à fond la caisse, aussi succulent que le raisin mûri au soleil juste avant la presse. Je vais rester avec toi jusqu'à ce que je me casse, car la ra-di-ooo mo-bile te marmotte à l'oreille, te souffle dans les esgourdes, pour séparer l'or des scories, et tu trouves tout ça ici sur Karma FM, une station de plus sur la croix.



Stone Junction _ Jim Dodge




jeudi 12 mai 2011





                          " A bon entendeur, salut "



          Amanda lisait l'avenir dans les cartes du Tarot. Elle consultait le Yi King. Elle pratiquait même un brin de chiromancie. Mais sa tache principale, dans le spectacle itinérant, consistait à donner des consultations alors qu'elle était plongée dans le sommeille éveillé d'une transe. (...) Depuis l'époque de sa puberté, elle se sentait capable de détecter les subtiles et délicates vibrations de cette partie de la conscience collective que nous appelons le "monde des esprits". (...) Cependant, le spiritisme n'est jamais une science exacte, et pour Amanda le danger était clair. Il y avait des occasions où les phénomènes vibratoires ne se manifestaient pas, d'autres où ils se manifestaient de façon erratique - ou devenaient carrément incontrôlables.



         Par exemple un soir, où il faisaient une chaleur étouffante à Santa Barbara -juste avant un orage terrible-, Amanda perdit brusquement le contact avec les "voix" qui parlaient à travers elle des problèmes conjugaux d'une cliente bien mise. Au bout d'une minute de parasites et de bafouillage, elle se lança dans ce que l'on pourrait correctement appeler un discours philosophique.

_ La chose la plus importante dans la vie est le style. C'est-à-dire que le style de notre existence - le mode qui caractérise nos actions - est fondamentalement ce qui importe au bout du compte.
Car si l'homme se définit par ce qu'il fait, alors le style est doublement définitoire puisque le style décrit le façon de faire.
Amanda s'étendit quelque peu sur ce sujet.
_Le point essentiel, dit-elle au bout d'un moment, est le suivant : Le bonheur est une condition acquise. Et puisqu'il est acquis et auto-généré, il ne dépend pas de circonstances extérieures pour sa perpétuation. Ceci jette une lumière ironique sur le contenu. Et souligne la primauté du style.
Après un monologue d'une heure, elle résuma le tout d'une remarque : 
_C'est le contenu, ou plutôt la conscience du contenu, qui comble le vide. Mais la simple présence du contenu n'est pas suffisante. C'est le style qui donne au contenu la capacité de nous absorber et de nous émouvoir, c'est le style qui fait qu'on se sent concerné.

         Sur quoi la cliente, qui avait patienté pendant tout le discours, donna un coup de sac à main sur la tête d'Amanda et exigea qu'on lui rende ses 4,98 dollars.

Une bien étrange attraction _ TOM ROBBINS



dimanche 8 mai 2011



Transcription : 

Denis Joyner, radio mobile de l'AMO



       Genre, ouah, je déboule juste des sierras ce soir, et je suis emballé par la charmante Apan Valley, cool. Je sais pas à quoi ça tiens, mais le littoral californien - peut-être que cet océan littéralement pacifique m'envoie ses ondes - à chaque fois que mon itinéraire mirifique passe par là, je suis envahi d'une sensation absolument fabuleuse de douceur cosmique. Au lieu de ma rogne habituelle, me voilà aux anges, joyeux comme une déesse. Du coup, je suis presque tenté de troquer mon vieux van tout bringueballant contre une Mercedes ; vas-y, peut-être m'installer un jacuzzi dans la cave à vin. Viva est magnum, mama, surtout quand c'est toi qui tiens le magnum, mais je me dis que si tu veux vraiment faire la course avec les autres minables, tu as intérêt à avoir une caisse confortable.

        Tu sais à qui je m'adresse si c'est pas à mes fesses, en cette douce soirée d'avril. Oui vraiment, je vous le dis, c'est plus qu'un hobby, un peu que tu sais pas pourquoi. Bah je vais te dire : un esprit, aussi parfait soit-il, ne vaudra jamais deux esprits, aussi imparfaits soient-ils.
        Retourne un peu ça dans ta cervelle, pendant que je rappelle le nom de la station, pourtant je sais que dalle, madame Hibou, hou-hou es tu ? Je peux quand même te dire que c'est la Radio Mobile de l'AMO FM, saucisse, entre le double un et le double six, et roulent les dés, moi je roule avec, je file à ta rencontre, je fonce défoncé, fait comme un rat, le scélérat vers sa fée. Oui ! C'est le redoutable DJ, et ce soir, il se dédouble : Déconnant Joueur et aussi Diarrhée Joufflue. Donc si tu sais pas si c'est de l'art, mon cochon, hé, reste avec moi et kiffe. Et si ça te plaît pas, ce que tu entends, appelle le shérif. Appelle toute la bande, pour ce que j'en ai à faire. Passe donc un coup de bigot au Conseil de surveillance des ondes, tant que tu y es. Appelle la Garde nationale, l'armée de l'air, bonhomme, et quiconque capable de sauver ta triste pomme. Mais quoi que tu fasses, reste dans la danse, surtout change pas de fréquence, OK, parce que je viens juste de mater l'heure, Mickey a les deux bras en l'air, direction la lune, ce qui veux dire qu'il est l'heure de te mettre au pieu avec une histoire. Parée ? Pelotonne-toi, veux-tu, pendant que je m'allume une pipe de beuh-qui-tue, histoire d'adoucir ma gorge dorée.
      Ahhhhhhh. Ça va déjà mieux. Tu es prête ? Bien L'histoire s'intitule " Le serpent ". Et avant de commencer, je m'arrête, que les chose soit claires, le serpent de cette histoire n'est pas un symbole. Ce n'est pas un phallus. C'est pas le Serpent Tentateur, le Dragon Sans Ailes de l'Indicible Malfaisant, le Lasso du Diable, ni une métaphore emblématique d'autre chose que d'elle même. Le serpent de cette histoire est un serpent jarretière, une couleuvre à rayures claires, un petit membre vivipare inoffensif de la famille des thamnophis. Une créature répertoriée dans la catégorie des reptiles. Une discrète expression de l'être. Une vie.


LE SERPENT

       Je rendais visite à des amies sur la côte de Californie du Nord, deux femmes que je connaissais depuis le lycée, Nell et Ivy. C'était à peu près à cette époque de l'année.
       Comme je ne supporte pas de cultiver quoi que ce soit, hormis les mauvaises habitude, on m'avait confié la mission d'éplucher les pommes de terre. J'étais en train de rincer les patates dans l'évier de la cuisine quand Nell et Ivy sont arrivées en trombe par la porte moustiquaire, manifestement tourneboulées, chacune tenant à la main une moitié de serpent toute gesticulante. L'une des deux femmes avait accidentellement coupé le reptile avec sa binette.
        Elles ont posé sur la table les deux morceaux de serpent qui se tortillaient. Ivy a regarder Nell.
 _Qu'est-ce que tu en dis ?
Sa voix était tendue, comme quand on arrive aux abord d'un sale accident de voiture.
_Je ne pense pas qu'on puisse lui recoudre les entrailles, a dit Nell.
Angoissées, inquiètes, elles ont observé les deux bout qui se contorsionnaient sur la table, et c'est tout juste si elles m'ont vue quand je les ai rejointes pour regarder à mon tour. Ce n'était pas beau à voir.
_Et si on utilisé un ruban adhésif, suggérât Ivy.
_Pourquoi pas ? répondit Nell. On peut toujours essayer. Il se régénérera peut-être.
_Les serpent ne se régénèrent pas, leur ai-je dit.
Je suis quelqu'un de réaliste. Normalement, Nell et Ivy aussi sont réalistes.
_Celui-la se régénérera peut-être, a dit Nell, à la fois en colère, provocante, pleine d'espoir et triste.
Elles ont utilisé du gros adhésif noir brillant d'électricien. J'ai aidé, en tenant la moitié supérieure en place pendant qu'Ivy scotchait soigneusement. 
Nous avons déposé le serpent dans une jardinière à l'ombre d'un séquoia pour qu'il se ravigote. J'ai promis de regarder périodiquement, comme ça elles n'auraient pas à refaire tout le trajet à pied depuis le jardin.
Quand je suis partie une demi-heure plus tard, le serpent était mort.

      C'est une histoire vraie, m'sieurs dames. Je la dédie à tous les réalistes parmi vous, pour rappeler que certains gestes transcendent l'échec. J'ai enterré le serpent dans la jardinière, ça a fait de l'engrais pour les fleurs. Parce que si vous expiré jusqu'à la limite, si vous franchissez le col de montagne au clair de lune en dansant avec vos spectre, si vous lancez votre cœur dans la forge et votre âme à la rivière, vous sentirez que la pierre est une fontaine vivante qui se dissout et se coagule, se fractionne et s'unit ; ensuite vous pourrez imaginer ce serpent dans les hautes herbes printanières, telle la vision fugitive et fantôme d'une flamme, et vous pourrez la suivre si vous êtes assez courageux, assez fous, dingues, désespérés, culottés, assoiffés, stupides. Entrez dans vos blessures. Guérissez. Échappez-vous.
      Et une fois que vous aurez larguez les amarres, rejoignez-moi. Je vous retrouverai sur la tombe de Jim Bridger, dès que vous pourrez vous y rendre. Nous ferons de la musique qu'on ne peut pas entendre quand on est seul, célébrons la beauté qui est à naître, nous prendrons le putain de Diable par les cornes et lutterons jusqu'à le terrasser. Nous tirerons des plans sur la comète, mon coeur. Nous valserons dans le cimetière au clair de lune, comme des Dieux déchus, nous serons dévoilés, nue comme des vers, et chacun baisera les cicatrices de l'autre.
        En attendant, mon invisible amie, le Dream Jockey te souhaite la plus douce des nuits. Continue à faire de beaux rêves.
Stone Junction de Jim Dodge