samedi 25 septembre 2010







Jemmerde ce jeune con. 

Et son foutu tonneau des Danaïdes sans fond.


C'est un  jeu féroce et ridicule






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vendredi 24 septembre 2010






Transcription : 
Denis Joyner, Radio mobile de lAMO


Bonsoir, mesdames et messieurs, je suis David Janus, à lantenne pour cette émission du soleil couchant, émission denquête ontologique intitulée « moment de vérité », diffusée avec le concours de la Radio de ses Vices Publics sur la fréquence que vous avez choisie, évidement.

            Je suis certain que vous apprécierez autan que moi lémission de ce soir, même si le format est légèrement différent de ce qui vous est habituellement proposé. Tu las dit bouffi. Et si je suis au regret de devoir vous détromper de si gentilles croyances, je ne peux que me faire lécho du démenti magistral de mon vieil ami philosophe qui affirmait que « le monde est tout ce qui arrive ». Hélas, cher auditeurs, il arrive sur la pointe des pieds, va être en retard pour notre rencard.
            Ce qui amène aux origines de la création de lexposé de ce soir. Cet après midi, comme je passais en revue ma bibliothèque en sirotant un petit syrah encore jeune mais prometteur, je me suis rendu compte que mon illumination, bien que total, sétait depuis peu légèrement éventée. Aussi ai-je décidé de chercher à explorer des complexités dignes de mes prétentions. Je me suis par conséquent résolu à reprendre du poil en me servant une once de caviar serbe accompagnée dun litron de Thunderbird bien frais ( sic itur ad astra ! ) et me suis mis fissa à chercher des volumes méconnus où glaner des renseignements sur des sujets ayant traditionnellement dérouté des cerveaux moins formidables que le mien.
             Plus rapidement  tempus fugit, comme a dit le vieux Thot , nous examinerons ce soir le mystère le plus retors de lexistence, la condition sine qua non de la conscience elle-même, l élément irréductible de lêtre, la gelée grise étalée sur chaque gâteau sec de la pensée, le pain quotidien de la connaissance, ma mie, le feu même de la forge. Je fais bien sûr référence à lesprit humain.

Lesprit est un sol de verre.
Lesprit est la larme mentale.
Lesprit est le fantôme qui nous précède et nous succède.
Lesprit est le Lingot Express et le sang sur la voie.
Lesprit est une porte de pierre.
Largent à larrière des miroirs.
La vague qui définit la côte.
Ce que les pilleurs de tombes ivres nont pu fourrer dans leurs sacs.
Lesprit est la somme de tout et plus.
Le spasme entre un et zéro dans le calendrier des Années du Trou Noir.
Le contrat passé entre le cou de fouet et le poteau condamné.
Une insignifiante dispute entre putes.
La pluie qui continue de tomber quand le ciel séclaircit.
Un bal masqué, invité et hôte.
Un paysage de cire fondue éclairé à la bougie.
Lesprit est le pourquoi de la pensée.
Le parking au Centre commercial des Peurs.
Le foyer où rôtit le cochon.
Ce que lâme a rendu et ne veux pas reprendre.
Lesprit est ni ni ni ni.
Le véritable centre dune sphère vide.

          Cétait votre serviteur de lheure du « Moment de vérité ». jose espérer que votre attention a été digne de mon intelligence, et quen écoutant vous avez crié cette ultime marque dapprobation destructuraliste : « Je te copie, affirmatif ! ». Et donc, en attendant la prochaine fois, gardez à lesprit que chaque moment est un moment de vérité. Mais maintenant : Ciao, baby, et adieu.

           Daniel éteignit la radio et regarda fixement la route. Il se rappelait avoir entendu Volta parler dune station radio pirate financée par lAMO et se demanda si cétait ce quil venait découter. Très probablement, se dit-il. Il faudrait quil en touche deux mots à Volta la prochaine fois quils se parleraient, quil lui dise que ça lui avait redonné des forces alors quil senfuyait avec le Diamant. Ce rappel de son appartenance à une vénérable alliance de magiciens et de hors-la-loi lui remit du baume au cœur. Mais aussi, et peut être surtout, David Janus était la preuve vivante que lui, Daniel, était relativement saint desprit. Il était impressionné que le DJ puisse encore fonctionner. Cela lui redonna espoir. Il avait besoin despoir. Despoir, de repos et de patience. Et de nourriture. Il avait besoin de manger. Il avait besoin de beaucoup de choses.


Stone Junction de Jim Dodge








jeudi 23 septembre 2010

For The Love of God

                                   

La sottise, l’erreur, le péché, la lésine,
Occupent nos esprits et travaillent nos corps,
Et nous alimentons nos aimables remords,
Comme les mendiants nourrissent leur vermine.

Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches ;
Nous nous faisons payer grassement nos aveux,
Et nous rentrons gaiement sur le chemin bourbeux,
Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches.

Serré, fourmillant comme un million d’helminthes,
Dans nos cerveaux ribote un peuple de démons,
Et quand nous respirons, la Mort dans nos poumons
Descend, fleuve invisible, avec de sourdes plaintes.


Mais parmi les chacals, les panthères, les lices,
Les singes, les scorpions, les vautours, les serpents,
Les monstres glapissants, hurlant, grognant, rampants,
Dans la ménagerie infâme de nos vices,

Il en est un plus laid, plus  méchant, plus immonde !
Quoiqu’il ne pousse ni grand gestes, ni grand cris,
Il ferait volontiers de la terre un débris
Et dans un bâillement avalerait le monde.

C’est l’Ennui ! – L’œil chargé d’un pleur involontaire,
Il rêve d’échafauds en fumant son houka.
Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat,
Hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère !